« Papa, comment on fait les bébés ?… » fait-on dire à un petit garçon qui veut attirer l’attention de son père dans une publicité… attention aussitôt détournée vers un autre sujet plus « familialement correct » que « l’éducation sexuelle » ! Voilà qui illustre bien que « ce ne sont pas les questions qui sont indiscrètes mais les réponses qu’elles suggèrent… » Reste que parler de sexualité avec un enfant est un sujet délicat à aborder. Pourtant une réponse est possible sans entrer dans le détail des pratiques sexuelles ou sans appeler à la rescousse les choux et les roses qui ont fort heureusement perdu de leur influence…
Susciter l’admiration et l’émerveillement
Cette gêne est tout à fait naturelle. Elle reflète une réalité toute simple : la sexualité fait partie de l’intime. Si on demande à un groupe d’enfants ce qu’ils ressentent quand, dans un film, une scène de tendresse survient et si c’est différent s’ils sont seuls dans la pièce ou avec leurs parents, on leur permet de découvrir cet aspect intime de l’amour et de la sexualité.
Il est important de souligner qu’il est naturel et agréable de partager des gestes de tendresse avec une personne qu’on aime. En reconnectant ces gestes avec le sentiment amoureux, en les replaçant dans une relation qui lui est extérieure et qui n’est pas « de son âge » mais pour « quand il sera grand », on aide l’enfant à leur donner du sens et à prendre la distance nécessaire avec eux.
Apprendre à dire « Non »
Il est également important de leur apprendre à respecter les autres, mais aussi à savoir se faire respecter. On peut voir avec eux comment respecter la pudeur et l’intimité de chacun en famille et évoquer les lois qui sont faites pour les protéger en essayant de leur en faire comprendre le sens plutôt que de s’y référer de façon plaquée.
Cela peut passer par des petits jeux de rôles permettant aux enfants de repérer les situations à risque pour apprendre à se protéger. On peut chercher avec eux les questions à se poser pour savoir si on accepte une proposition ou pas. Le magazine Astrapi, dans son petit livret « Savoir dire Non », proposait aux enfants de se poser 3 questions : « Est-ce que j’en ai vraiment envie ? » « Est-ce que je pourrai appeler à l’aide ? » et « Est-ce que quelqu’un en qui j’ai confiance sait où je suis ? » Et s’il y a ne serait-ce qu’une seule réponse négative à une de ces trois questions, alors l’enfant doit refuser et en reparler avec une personne de confiance.
Permettre aux enfants de poser librement leurs questions et y répondre de façon ajustée
Un enfant sent quand il peut poser une question librement ou quand celle-ci gênera son interlocuteur, et particulièrement ses parents. Si ceux-ci sont très gênés par le sujet, ils peuvent s’aider de petits livres, généralement très bien faits, qui suivent une progressivité en fonction de la tranche d’âge et qui indiquent comment en parler. Il y a aussi des livres à donner à lire aux enfants directement tout en lui proposant d’en reparler avec lui.
Pour répondre aux questions de l’enfant, il est préférable d’adopter un langage adapté à son âge et de respecter sa maturité de façon à ne pas le brusquer ni être intrusif. Par ses questions, l’enfant montre ce qu’il peut entendre ou non. Il ne faut donc pas le devancer. Dès que l’enfant est suffisamment grand, les parents ont intérêt à utiliser un langage juste, par exemple en utilisant les termes médicaux appropriés.
L’idéal est que ce soit la mère qui parle à sa fille et le père à son fils. Quand ce n’est pas possible, on peut faire appel à des proches : oncles ou tantes proches, parrains, marraines… si l’enfant est d’accord.
Donner du sens
A travers ces discussions, il est important de préparer les plus grands aux bouleversements que la puberté va leur faire vivre en les anticipant et en montrant quelle est en est la finalité : devenir homme, devenir femme, et acquérir la capacité d’aimer et de donner la vie.
Mais au-delà de ces discussions, il ne faut pas perdre de vue que de nombreux messages passent par le non verbal. En réalité, l’essentiel de ce que les parents transmettent passe par la façon dont ils vivent eux-mêmes en tant qu’homme et femme, la façon dont ils s’aiment et vivent en couple et en famille, et la façon dont ils accueillent la vie dans tous les sens du terme. D’où l’importance de développer une cohérence entre les discours tenus et la façon de vivre en couple et en famille !