Cette question mérite d’être envisagée selon quatre angles de vue : pour l’enfant, pour la mère, pour le père et pour le couple.

 Du côté de l’enfant

Pour l’enfant, il est certain que le moment de la tétée est un moment privilégié où il est à la fois nourri, câliné, rassuré. Par ailleurs, le lait maternel a des vertus propres : la composition du lait maternel est variable dans le temps, au cours de la journée, au cours de la tétée, en fonction du terme de l’enfant et de l’alimentation de la maman ; en bref, il s’adapte parfaitement au besoin de chaque enfant, c’est un lait « sur mesure ». Ensuite, le lait maternel contribue à protéger l’enfant contre certaines infections : ceci a été démontré pour les diarrhées et infections intestinales, infections respiratoires, otites et certaines leucémies. Cette protection est proportionnelle à la durée de l’allaitement : plus l’enfant sera allaité longtemps, plus il sera protégé. Mais attention, ce n’est pas une garantie, juste un élément favorable à la santé du bébé.

 Du côté de la mère

Pour la mère, l’allaitement aide souvent à nouer le lien avec son bébé (ce qui n’est pas toujours aussi instinctif qu’on peut le croire) et à prendre confiance au fil du temps dans sa capacité à être mère, à pourvoir aux besoins de son enfants, à estimer ce qui est bon pour lui. Au fil du temps et de la reprise du rythme quotidien, beaucoup de mères apprécient les tétées comme un moment pour souffler et privilégier la relation avec leur bébé.

Il y a aussi des bénéfices physiologiques pour la femme : la rétractation utérine est plus rapide en cas d’allaitement. D’autres bienfaits à plus long terme sont progressivement démontrés par des études scientifiques.

Mais l’allaitement peut aussi inquiéter la future mère car il n’est pas toujours facile à démarrer puis entretenir. Elle peut aussi craindre d’y perdre sa liberté. Certaines femmes n’ont pas du tout envie d’allaiter pour des raisons de pudeur, de rapport à leur corps.

Il est donc important de se sentir libre par rapport au choix d’allaiter ou non : l’allaitement, c’est bien pour l’enfant surtout si la mère le vit bien. Si au contraire, elle le subit comme une contrainte, comme un gêne dans son corps, ce n’est pas la peine d’insister Si vous hésitez, pourquoi ne pas essayer, allaiter quelques semaines et voir comment ça se passe. Certaines mères témoignent d’une véritable découverte du plaisir d’allaiter et d’une relation différente avec leur bébé.

 Du côté du père

Pour le père aussi l’allaitement peut être perçu de manières différentes : comme une évidence, comme un beau projet… ou au contraire comme un risque. Certains hommes craignent de se sentir exclus de la relation avec l’enfant ou sont mal à l’aise à l’idée de vivre conjointement allaitement et sexualité.

Sur ce dernier point, il en est de l’allaitement comme de la grossesse. Il n’y a aucune incompatibilité et la relation amoureuse est à inventer, avec de possible très belles découvertes.

 Du côté du couple

Dans tous les cas il est important de parler en couple du choix ou non d’allaiter ; la décision est à prendre à deux après avoir pris le temps d’échanger les points de vue et les ressentis de chacun (motivations, inquiétudes, réticences). Quelle que soit la décision prise, elle devient un projet de couple : ils auront à vivre ce choix, à le réévaluer régulièrement, et même à le défendre vis à vis des regards extérieurs qui ne manqueront pas à l’occasion de commenter, voire de critiquer les manières de faire des tout nouveaux parents. Le père est alors un allié important pour la mère car elle est plus facilement ébranlée après la naissance.