Cette question a deux versants : elle se pose très différemment pour les couples qui ne veulent pas avoir d’enfants et ceux qui ne peuvent pas en avoir.

 

Certains couples peuvent faire un choix conscient de ne pas vouloir d’enfants pour différentes raisons : peur de l’avenir, peur de déséquilibrer la relation de couple ; réflexe malthusien « (on est déjà trop nombreux sur cette planète »), ou d’autres motifs, comme ces couples qui se sentent plus appelés à faire de l’humanitaire et à vivre dans des conditions spartiates, voire très difficiles et qui ne voient pas comment accueillir un enfant dans ces conditions.

 

Mettre au jour ses peurs inconscientes

Ces raisons peuvent sembler valables mais attention, derrière ces choix conscients, il y a souvent des peurs inconscientes. Mettre au jour ces freins conscients ou inconscients à la fécondité est un acte courageux qui ne pourra qu’être positif pour chacun dans le couple. Cela permettra d’être en vérité l’un face à l’autre et d’avancer ensemble.

 

Ne pas vouloir d’enfant pour des motifs malthusiens cache une souffrance ; il peut être important de réfléchir à ce refus d’avoir des enfants. Un couple qui dit « je ne veux pas d’enfant » n’est pas ouvert à la vie, même si ce couple décide de faire de l’humanitaire. A 30 ans et plus quand on ne veut pas d’enfant, c’est souvent parce qu’il y a eu un traumatisme ; parfois c’est en raison d’une très mauvaise relation aux parents et la peur de répéter ces erreurs.

De plus, aujourd’hui, la sexualité et la fécondité ne sont plus liées ; le recours systématique à la contraception, la volonté de contrôler les naissances à tout prix, d’avoir un enfant quand on le veut mène en réalité à une peur de l’enfant, l’enfant devient une gêne.

 

Trouver une fécondité

Or, pour être heureux, toute personne, et tout couple est appelé à avoir une fécondité, une dynamique de construction et de don de soi. Le repli sur soi n’est jamais gage de bonheur. Avoir des enfants est une manière de s’ouvrir à la vie, à l’imprévu, à l’autre. Faire le choix de ne pas avoir d’enfant est comme une fermeture à la vie qui semble peu compatible avec le bonheur.

Pour les couples qui ne peuvent pas avoir d’enfant, la question est tout autre : comment trouver une fécondité malgré tout ? Pour certains, ce sera l’adoption, mais il n’est pas donné à tous les couples de se sentir appelés à adopter un enfant. Pour d’autres, ce sera un engagement dans la vie associative, paroissiale, etc.

 

Quand un couple ne peut pas avoir d’enfant, c’est une vraie épreuve qui met le bonheur du couple à mal ; il ne faut pas hésiter à chercher de l’aide auprès de gens qui ont vécu la même chose que vous ; il y a par exemple des associations telles qu’ « Alliance et Fécondité », le pèlerinage des parents infertiles à Cotignac.

 

Ne pas pouvoir avoir d’enfant est une épreuve de vérité pour le couple : il devient encore plus visiblement essentiel d’avoir un projet de vie, c’est-à-dire une manière de diriger sa vie vers un but qui le transcende.

Pour être heureux, soyons ouverts à la vie sous toutes ses formes !

 

La réponse à cette question peut avoir des aspects différents en fonction de la culture dans laquelle vit le couple. Je répondrai dans le contexte de la culture européenne.

 

Si « nécessaire » est entendu dans le sens « d’obligatoire » pour « faire couple », il me semble que la réponse soit « non ». La relation de couple a une vie distincte et autonome de la vie parentale : elle naît, elle vit, elle évolue, elle meurt, en dehors de la relation aux enfants, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas d’incidences sur eux. Si un couple a des enfants, c’est le fruit de leur relation de couple ; leur place est de se construire grâce à cette relation de couple et non de se substituer à la relation de couple.

 

Si « nécessaire » est entendu dans le sens de « souhaitable », on peut dire que toute relation de couple traverse, à un moment ou un autre, le besoin de s’ouvrir à un autre qu’elle-même ; l’amour pleinement vécu se déborde lui-même et éprouve l’aspiration à donner. C’est en ce sens qu’il engendre une fécondité. Cette fécondité prend le plus souvent celle d’un enfant biologique, mais elle peut avoir d’autres formes : ce peut être aussi une adoption, une forme d’engagement, de don de soi et de la force de son amour de couple au service d’une mission particulière.

 

Lorsqu’un homme et une femme s’aiment durablement, il peut naître en eux le désir d’avoir ensemble un enfant. Permettre à l’autre de devenir père ou mère apparaît alors comme le prolongement visible de l’amour de l’un envers l’autre. Ce désir de fécondité révèle aussi celui de s’investir ensemble dans un véritable projet commun. L’enfant est ce nouvel être qui va avoir besoin de chacun pour grandir. Ainsi, de nombreux jeunes couples associent aujourd’hui l’engagement dans le mariage avec ce souhait de devenir parents. Le désir d’enfant apparaît comme naturel pour l’être humain.

 

En effet, cette possibilité pour l’homme et la femme de donner, de transmettre la vie, est une des dimensions importantes de la sexualité humaine, même si elle n’est pas la seule. En ayant des enfants, le couple contribue alors à construire l’avenir de l’humanité et les sociétés accordent souvent une place toute particulière à ce désir de fonder une famille. L’Eglise catholique, elle aussi, encourage et souhaite accompagner cette mission de chaque couple de garder, de révéler et de communiquer l’amour en particulier au sein d’une vie familiale. Dans ce sens, il est bon pour un couple de souhaiter porter du fruit en particulier en étant prêt à avoir un ou plusieurs enfants.

 

Cependant, ce désir naturel, logique, d’avoir un enfant n’est pas un désir comme les autres. Avoir un enfant ne peut être considéré comme une nécessité à laquelle il faut se soumettre, un désir à satisfaire coûte que coûte, un projet à réaliser. L’enfant ne vient jamais tel un simple prolongement du désir humain. Parfois en effet, malgré un fort désir, certains couples traversent la souffrance de l’infertilité alors que pour d’autres, l’enfant advient en l’absence de tout désir véritable. Avoir un enfant n’est pas une question de droit. Devenir parents n’est pas un dû. L’enfant n’est pas un bien que l’on peut prendre, donner, voire acheter. Il est toujours un nouvel être humain. Même s’il reçoit beaucoup de son père et de sa mère, tout enfant est avant tout une personne unique, différente de chacun de ses parents, comme de ses éventuels frères et sœurs. De ce fait, le désir de fécondité ne consiste pas à faire un enfant, mais plutôt à accueillir ce nouvel être conçu grâce à leur union. Et si l’enfant tant désiré ne vient pas, certains couples sont conduits au-delà de leur souffrance à découvrir, voire à inventer, d’autres chemins de fécondité.

 

Accueillir l’enfant comme un don, c’est aussi reconnaître une part d’inconnu, de mystère dans cette relation de filiation. Ce mystère se révèle aussi parfois de façon déroutante, pour les parents, au cours des longues années d’éducation de l’enfant puis de l’adolescent. Qu’il se réalise ou non par la naissance d’un enfant, le désir du couple de porter du fruit l’entraîne toujours dans une certaine aventure, avec sa part de joie mais aussi d’incompréhensions et de souffrances.

 

De ce fait, la relation au sein du couple demeure le pivot autour duquel le reste s’articule. En effet, même fortement désiré et attendu, un enfant vient sensiblement et durablement perturber la vie du couple voire de la famille. Pour chacun, il s’agit alors non seulement d’accueillir cette nouvelle personne mais aussi de réajuster sa place.

Le souci d’une juste relation entre les parents est alors une des clés de cette périlleuse recherche d’équilibre. Appelés à se donner concrètement pour le bien de leur progéniture, les parents, chacun dans leur rôle, sont en effet parfois absorbés et épuisés par leur lourde tâche. La tentation est alors de mettre de côté voire d’oublier de prendre soin d’eux et de leur couple. Combien de fois des couples, après 10, 15 voire 20 ans de vie côte à côte, reconnaissent que depuis la naissance de leur premier enfant, ils n’ont finalement jamais pris, ne serait ce que quelques jours, de véritables vacances tous les deux, en amoureux !

Oser prendre du temps pour son couple est en réalité un précieux cadeau, même pour les enfants. S’attacher à prendre soin des différentes dimensions de cette réalité conjugale si fragile est tout aussi essentiel et vital que de se donner corps et âme pour assurer les différentes besoins matériels et affectifs des enfants. Il convient en effet de ne pas oublier que c’est justement cet amour entre les parents, ce lien étroit qui les unit et qui se manifeste tout particulièrement dans leur relation corporelle, qui est la raison d’être de leur réalité familiale et qui en demeure la source principale.