Tout n’est pas bon à dire

 

Ne pas tout dire, ce n’est pas forcément cacher quelque chose.

Toute vérité n’est pas bonne à dire ! Il faut prendre garde à ne pas blesser l’autre inutilement. Qu’est-ce que l’on garde pour son jardin secret et qu’est-ce qu’on doit dire pour faire avancer le couple? Il est important de savoir ce que l’on peut dire ou ne pas dire et d’en parler avec son conjoint pour éviter le syndrome du soupçon.

 

Il y a par exemple des choses que mon conjoint ne saura pas (secret professionnel ; mes amours précédentes) mais il faut délimiter le territoire avant de s’engager. Attention à l’exhibitionnisme ! Il y a des choses qui ne m’appartiennent pas, comme mes anciennes histoires d’amour qui appartiennent également à cet autre dont je dois préserver l’intimité.

Si mon travail m’oblige à garder le secret sur mes déplacements ou les personnes que je rencontre, mon conjoint doit être prévenu en amont pour qu’il n’ait pas l’impression que je lui cache quelque chose. 

 

Ne dire que ce qui peut être reçu

Par ailleurs, il vaut sans doute mieux ne dire que ce qui peut être reçu par l’autre ; par exemple, inutile de parler de ses baisses de sentiments éphémères : cela blesserait l’autre alors que des hauts et des bas dans le sentiment amoureux sont tout à fait normaux et ne remettent pas en cause la solidité du lien qui vous unit.

 

Mais encore, quand on a un souci ou un poids sur le cœur, il peut parfois être difficile d’en parler concrètement à l’autre, mais dans ce cas, on peut dire qu’on est tourmenté par une question, sans en révéler le contenu.

 

Dans le couple, de toute façon, personne n’est obligé de tout dire, c’est une mauvaise compréhension de la vérité que de croire qu’il faille toujours tout dire. Revenez au bon sens : est-ce bien utile de dire ceci ou cela ? Est-ce que cela fait avancer notre couple ?

Parler en présence d’un tiers professionnel

Cependant, dans certains cas, la parole, même si elle est déstabilisante pour l’autre, peut être un moyen d’exorciser une peur ou de prendre du recul par rapport à une tentation. Par exemple, si une personne a des fantasmes d’adultère, le meilleur moyen de s’en délivrer est d’en parler à son conjoint dans le cadre d’un accompagnement. Attention alors à la manière de le dire ! Et ne vous lancez pas seul ! Il vaut mieux être accompagné par des conseillers conjugaux qui sauront remettre ces fantasmes à leur place et permettre au conjoint d’être le moins blessé possible. Si l’adultère blesse le couple, le mensonge le tue. Mais là encore, mieux vaut prévenir que guérir et essayer de mettre ses fantasmes à distance par la parole avant de passer à l’acte.

 

Communication sans violence

Il faut bien garder en tête que lorsqu’on commence à se dire « je n’en parle pas à mon conjoint », il y a danger ; c’est peut-être un enjeu de communication qui vaut la peine d’être traité comme tel. Dans ce cas, pas de précipitation, essayez plutôt de trouver une aide pour que cette communication se fasse sans violence psychologique pour l’un et l’autre des conjoints.

 

Dans le cœur à cœur, n’y a-t-il pas de limite, si ce n’est celle que ma conscience m’impose dans le souci de te respecter tel que tu es ? Le chemin pour faire un effort de vérité, de lucidité sur moi, pour pardonner, ne me fait-il pas du bien, comme à toi ? Invisiblement, je te donne quelque chose du Christ et en passant par moi la grâce me fait du bien à moi aussi. De la qualité et de la finesse de nos échanges cœur à cœur naît la pureté du regard sans laquelle l’amour n’est qu’un désir de possession mal déguisé. Le cœur à cœur ne peut pas se libérer, si chacun reste enfermé dans une perspective moralisante, mais que s’il est fondé sur la confiance, l’écoute et le respect mutuels. Comment puis-je aussi me respecter sans pouvoir te dire les sujets qui me tiennent à cœur ?

 

Les non-dits, les interprétations, les ressentis gardés en moi risquent au contraire de provoquer entre nous de la distance, et, par conséquent, le durcissement de notre dialogue et de nos cœurs. Rester ouvert à toi en respectant ton cheminement intérieur, même si sur le moment il est parfois difficile de nous comprendre, consolide notre amour. Dans ce cas prendre du recul sur telle ou telle situation est important. Pour m’aider, est-ce que je perçois en toi ta beauté qui est d’être créature unique de Dieu ? Est-ce que je t’accepte tel que tu es et de fait, différent de moi ? Si nous acceptons, aidés par la prière, chacun notre altérité, notre chemin de vie commune sera toujours celui du dialogue conjugal : patiente reconnaissance des pauvretés et des limites de chacun.

 

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